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LA DÉVOTION ENVERS CATHERINE DE SAINT-AUGUSTIN

Catherine Symon de Longpré, dite de Saint-Augustin, est une religieuse augustine arrivée à l’Hôtel-Dieu de Québec en 1648. Originaire de Normandie, elle entreprend le voyage vers la Nouvelle-France à l’âge de 16 ans afin d’œuvrer comme hospitalière-missionnaire. Malgré son jeune âge, elle occupe plusieurs postes importants auprès de la communauté et inspire les malades comme tous ceux qu’elle rencontre.

Carte souvenir de Catherine de Saint-Augustin, vers 1920, Québec, Le Monastère des Augustines, CCSA-K-2-1.1

Exemple de charité, d’humilité et de foi, elle meurt à 36 ans seulement, consumée par une infatigable ferveur. Béatifiée en 1989, sa cause de canonisation est encore ouverte afin de la faire reconnaître comme sainte par le Vatican. Bien qu’elle se soit éteinte il y a plus de 350 ans, Catherine de Saint-Augustin a marqué autant les Augustines que la population catholique à travers le monde.

Vœux perpétuels d’entrée en religion de Catherine de Saint-Augustin, 4 mai 1648, Église Notre-Dame-de-Toutes-Joies de Nantes, Le Monastère des Augustines, HDQ-F1-D2,1

Une religieuse inspirante et célébrée chez les Augustines

Seulement 4 ans après la mort de Catherine de Saint-Augustin, la supérieure de l’époque, Mère Marie-Renée Boulic, dite de la Nativité, demande au directeur spirituel de la jeune missionnaire d’écrire sa biographie. Dès sa publication, les hospitalières sont étonnées de la vie tumultueuse de leur consœur. Bien qu’elles la côtoyaient tous les jours, Catherine de Saint-Augustin ne laissait pas paraître les épreuves qui la traversait. Entre expériences mystiques et tentations, Catherine gardait le sourire et continuait de remplir les tâches de manière exemplaire. La religieuse devint une figure spirituelle modèle pour toutes les Augustines, un idéal de sainteté.

Catherine de Saint-Augustin est présente dans le culte quotidien des religieuses. Autant dans leurs offices que dans leurs prières, la bienheureuse est invoquée. Par exemple, le chant Te Deum est le dernier que Catherine ait entamé juste avant sa mort. Depuis, et encore aujourd’hui, le chant est intégré à l’office des vêpres. Une prière à Catherine de Saint-Augustin est aussi récitée tous les jours afin d’obtenir son intercession et sa glorification.

Des célébrations spéciales en son honneur marquent le calendrier liturgique des Augustines. Le 8 mai, on souligne son anniversaire de décès qui est, par le fait même, sa fête dans le calendrier des saints. On célèbre aussi son anniversaire de béatification le 23 avril, journée où le Pape Jean-Paul II l’a officialisé en 1989.

Augustines remettant des cadeaux au Pape Jean-Paul II lors de la béatification de Catherine de Saint-Augustin, 23 avril 1989, Cité du Vatican, Le Monastère des Augustines, CCSA-J-1

Dans le culte public

Avant le début des démarches afin de la faire canoniser, la dévotion à Catherine de Saint-Augustin est assez peu connue. Son directeur spirituel, le père Paul Ragueneau, publie sa biographie en 1671, mais le volume n’est lu que par l’élite catholique et par les religieuses. Ce n’est qu’en 1923, quand les Augustines s’engagent à la faire connaître, que le culte de Catherine se répand vraiment dans la population. Des activités, des campagnes et des célébrations, sans compter les textes publiés, s’orchestrent afin de la faire reconnaître et de plus en plus de croyants font appel à elle.


Augustines travaillant à la production d’images pieuses de Catherine de Saint-Augustin dans la salle de la communauté, vers 1940, Québec, Le Monastère des Augustines, CCSA-J-1

Vu sa montée en popularité, les Augustines ouvrent un sanctuaire en 1966 et un centre spirituel où sont présentées ses reliques en 1986. Cela permet au monastère d’offrir des installations où les fidèles peuvent se recueillir. On organise aussi de nombreux pèlerinages où il est possible de visiter les tombeaux des trois fondateurs de l’Église de Québec, soit Marie de l’Incarnation, François de Laval et Catherine de Saint-Augustin. À la suite de la réhabilitation du Monastère des Augustines, on réouvre le Centre Catherine de Saint-Augustin au deuxième étage. Le Centre spirituel en l’honneur de la jeune religieuse a accueilli plus de 3000 visiteurs seulement en 2019.

Catherine de Saint-Augustin est une personnalité présente aussi hors de la communauté. La religieuse est notamment reconnue comme étant cofondatrice de l’Église canadienne. Apportant avec elle dans son périple non seulement sa ferveur, mais aussi des dévotions importantes, telles que celle au Cœur Immaculé de Marie, elle devient un pilier de cette Église en construction et une icône de l’hospitalière du Nouveau Monde. Son influence dépasse les murs du monastère et rejoint ainsi les croyants autour du monde.

Demandes et intercessions

Un rituel important chez les catholiques est celui lié à la demande d’intercessions aux figures modèles de l’Église. Le croyant demande à un saint qu’il intervienne en sa faveur. Le Centre Catherine de Saint-Augustin s’occupe de la réception et de la consignation des demandes d’intercessions faites à Catherine. Gardiennes de leur patrimoine, les Augustines ont conservé toutes les demandes reçues depuis la mort de celle-ci.


Patients de l’Hôtel-Dieu de Québec priant devant la châsse de Catherine de Saint-Augustin, vers 1955, Québec, Le Monastère des Augustines, CCSA-J

On trouve deux grands types de demandes, les intentions et les faveurs obtenues. Les intentions réfèrent à une personne recommandant des prières pour quelqu’un ou quelque chose, tandis que les faveurs obtenues sont des cas où un croyant a vu sa demande exaucée.

Quelques chiffres d’intérêt

Dans les rapports administratifs du Centre Catherine de Saint-Augustin, on trouve la trace de plus de 70 000 demandes datées de 1677 à aujourd’hui. Depuis 1900, les billets originaux que les religieuses ont reçus ont été conservés. En étudiant les statistiques des demandes qui ont été analysées, on remarque que la majorité des demandes de faveurs et d’intentions concernent une guérison ou une amélioration de la santé.

En outre, les demandes portent aussi sur des souhaits liés à un mariage heureux, une maternité sans encombre et de la paix dans le foyer. Il y a aussi des intentions à caractère religieux. En effet, 6 % des demandes colligées concernent les vocations religieuses ou un désir de retour à la religion d’un proche parent. Finalement, les autres demandes fréquentes portent sur la réussite d’examens, des recherches d’emploi, de logement, etc.

Bien que Catherine de Saint-Augustin n’ait été présente que pendant 20 ans dans la colonie de la Nouvelle-France, sa mémoire demeure vivante encore aujourd’hui. L’Augustine est toujours une image de réconfort auprès des religieuses et des pèlerins de passage.

Farah Verret