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LES FÊTES PASCALES CHEZ LES AUGUSTINES AU 20E SIÈCLE

Les Augustines célèbrent aujourd’hui à leur manière cette période de l’année. Les archives permettent d’en savoir plus sur les célébrations d’antan et ouvrent une fenêtre sur le passé du monastère et de ses occupantes, sur leurs traditions et sur leurs célébrations.

Les célébrations liées à Pâques font partie des plus importantes fêtes du calendrier chrétien. Pâques est une fête imprégnée d’une forte signification religieuse. Nous vous présentons ici les différentes étapes culminant au dimanche de Pâques qui sont célébrées, à une certaine époque, en grand par les Augustines.

Confection de crêpes en plein air au monastère de l’Hôtel-Dieu du Sacré-Coeur de Jésus, 20e siècle, Québec, Le Monastère des Augustines, HDSC-K1.14

Les Augustines fêtent le Lundi gras en mangeant les traditionnelles crêpes pour dîner, accompagnées de sirop et de sucre d’érable. Du dîner du lundi jusqu’au mardi soir, c’est une période de grand congé. Cela signifie qu’elles ont le droit de parler dans le réfectoire. Le mardi soir, il y a une grande fête.[1] Le jour suivant, le mercredi des Cendres, marque le début du carême, c’est-à-dire les quarante jours qui précèdent le dimanche de Pâques. Ces jours représentent le temps que Jésus a passé dans le désert. Pour rappeler les épreuves du Christ dans le désert, les croyants sont invités à jeûner ou à respecter les jours maigres. Ainsi, il est interdit de manger de nombreux aliments tels la viande, le beurre et les desserts.

Lors du carême, les sœurs ne jeûnent que si elles le désirent. Le travail d’hospitalière étant très exigeant, elles doivent se nourrir adéquatement pour effectuer leurs tâches quotidiennes et prendre soin des malades de l’hôpital. Pour cette raison, le jeûne et l’abstinence alimentaire sont sur une base volontaire, à la discrétion de chaque sœur[2].

Pour marquer le début de la semaine sainte, lors du dimanche des Rameaux, les Augustines ont droit à une crème brûlée le midi. Par la suite, il faut attendre le jeudi pour avoir des aliments qui sortent de l’ordinaire. Le jeudi saint, elles ont droit à une coupe de gélatine au vin le midi, à la fin du repas. Pour le souper, c’est très simple : un bouilli au riz[3]. Le jeudi saint se déroule également une cérémonie surprenante, le lavement des pieds. La mère supérieure du couvent lave un pied de 12 novices. Il y a 12 novices en référence aux 12 apôtres à qui le Christ avait lavé un pied la veille de l’épisode de la Passion[4].

Chapelle située à la salle Sainte-Marthe de l’Hôpital général décorée pour la fête de Pâques, vers 1949, Québec, Le monastère des Augustines, HG-A-26.24.11.2.2

Durant le 20e siècle, les pratiques associées au jeudi saint ont considérablement changé. Le jour évoquant le dernier repas de Jésus, la Cène, les Augustines ont modifié leurs rites pour que ces derniers remettent en mémoire de manière plus évidente les événements de cet épisode de la vie de Jésus. Les sœurs se passent le vin et le pain, recréant ainsi un moment similaire de la Cène. L’agneau est aussi un incontournable du repas[5].

Le Vendredi saint, les Augustines prennent toutes leurs repas au sol. Tout au long du Vendredi saint, il y a une succession de cérémonies religieuses commémorant la Passion du Christ[6]. Soulignant un événement triste, les repas reflètent l’atmosphère et sont pris en silence et à genoux. Pour dîner, les Augustines servent une purée de pois avec de la matelote, un mélange de pommes de terre pilées, d’oignons rôtis et de saumon en boîte. Le menu est plus frugal pour le souper : le reste de purée de pois et du pain beurré. Aucun dessert n’est présent[7]. Le dimanche de Pâques est plus propice aux célébrations puisque selon la tradition chrétienne, c’est le jour de la résurrection du Christ. C’est un moment de réjouissance. Il y a parfois des pièces de théâtre, montées par les sœurs, ainsi que de l’animation pour rendre la soirée plus vivante[8]. Les repas sont beaucoup plus festifs : plusieurs desserts et du jambon décoré aux ananas.

Augustines déguisées en lapins lors d’une soirée pascale, 1959, Québec, Le Monastère des Augustines, HDQ-F1-N4,3/6:6

Durant les jours précédant Pâques, les Augustines qui travaillent à l’hôpital reçoivent des chocolats de la part des médecins et des malades. La supérieure du couvent ramasse l’ensemble du chocolat. Puis, lors du dîner de Pâques, avec l’aide des sœurs qui travaillent dans les cuisines, elle divise le chocolat également entre les religieuses et le distribue comme dessert. Cette tradition a commencé en 1945[9]. Elle s’est probablement terminée lorsque l’hôpital a été administré par l’État dans les années 1960.

Les rites se sont modifiés au fil du temps, mais l’importance de cette célébration chrétienne pour les Augustines ne s’est jamais ternie.

Estelle Girard


[1] Entrevue par sœur Nicole Perron avec sœur Alvine Bouillé, 30 septembre 1993, Québec, Le Monastère des Augustines, HDQ-F1-P1-3-43-A.

[2] Jean Simard (dir.), assisté de David Harvengt, Le patrimoine immatériel des Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec, rapport d’enquête orale préparé par Nicole Bourgault, Denis Croteau, Véronique Dupont, Véronique Labonté, Karine Laviolette, Madeleine Pastinelli et Sophie Pomerleau, Québec, Université Laval, 1997, p. 104.

[3] Entrevue par sœur Nicole Perron avec sœur Patricia Roy, 25 novembre 1993, Québec, Le Monastère des Augustines, HDQ-F1-P1/3:44A.

[4] Entrevue par sœur Nicole Perron avec sœur Rosée Tardif, 26 novembre 1993, Québec, Le Monastère des Augustines, HDQ-F1-P1-3-45A.

[5] Simard, op. cit., p. 104.

[6] Ibid., p. 104-105.

[7] Entrevue par sœur Nicole Perron avec sœur Patricia Roy, 25 novembre 1993, Québec, Le Monastère des Augustines, HDQ-F1-P1/3:44A.

[8] Simard, op. cit., p. 105.

[9] Entrevue par sœur Nicole Perron avec sœur Patricia Roy, 25 novembre 1993, Québec, Le Monastère des Augustines, HDQ-F1-P1/3:44A.